little dreamer dream me the stars ☆ melchior

  Le petit Melchior naquit un certain 25 Octobre 1982 dans la merveilleuse capitale britannique, Londres. Il était l'enfant unique d’une jeune maman célibataire aux revenus difficiles. Cette dernière faisait tout en son pouvoir pour subvenir aux besoins de son fils qui vécu auprès d'elle 9 longues années de bienveillance et d'amour maternel. Puis le jour de ses 10 ans, son petit rêve se transforma en un terrible cauchemar, il ne comprit pas trop comment, ni pourquoi, mais ce fut malheureusement le cas. Sa mère l'avait abandonné. Lui, son propre fils. Elle lui avait même laissé une lettre qu'il garde encore aujourd'hui précieusement. Il fut bien rapidement envoyé en orphelinat.


« Pourquoi tu lis tout le temps, Melchior ? » Les gamins, on sait tous que c'est soulant à en mourir. Mais alors la petite Mélodie, elle est au dessus de toutes les gamines parce que non seulement elle me soule, mais en plus elle pose trop de questions. Des questions qui soulent, un peu comme elle. Je soupire pour la énième fois alors que je me redresse sur ma chaise pour attraper un feutre et une feuille au bout de la table. Je les lui tends, sans lever les yeux de mon bouquin. Peut être qu'avec ça elle arrêtera de s'occuper de ce qui ne la regarde pas. « Tu veux que je te dessine quoi ? » me demande-t-elle en prenant la feuille et le feutre, toute excitée.

Aujourd'hui, c'est Mardi, et comme tous les Mardi, on fait des ateliers à l'orphelinat. Sauf que la petite Mélodie, elle est encore venue m'embêter à mon atelier personnel, celui qui n'a pas de nom PUISQUE C'EN EST PAS UN. « Le truc, c'est que maintenant que tu as les outils pour l’atelier de dessin, tu n'as plus le droit de rester à mon atelier. Ce sont les règles ! » lui dis-je en affichant une moue faussement désolée. Qu'est-ce qu'il faut pas inventer. Elle lâche alors son feutre et m'observe, confuse. « Mais y a pas de règles d'abord ! » Mais qu'elle est têtue... Ça ne va pas être si facile que ça finalement. « Bah c'est des règles que j'viens d'inventer... Là, maintenant ! Et puis, eh, c'est mon atelier alors je fais ce que je veux ! » je lui dis en fronçant légèrement les sourcils sans pour autant quitter mon livre une seule seconde. Puis je ne l'entend plus pendant quelques secondes, ce qui est bien assez pour que je commence à m'inquiéter. Qu'est-ce qu'elle peut bien avoir encore inventé pour m'agacer ? Je relève la tête pour la première fois de mon livre pour poser mes deux iris intriguées dans ceux bien trop confiants de la fillette. Elle est toujours là, assise en face de moi. Mais quelque chose a changé, oui, la feuille et le feutre ont disparu. « Pourquoi tu lis tout le temps, Melchior ? » Un mince sourire commence à fleurir sur mes lèvres alors que je plisse légèrement les yeux, cherchant à la sonder, à comprendre ses intentions. Elle est maline pour une petite de 6 ans je ne peux pas lui enlever ça. Alors, après tout, pourquoi pas ? Elle l'a mérite bien sa réponse après tant d'efforts. Et puis, de toute façon, elle ne comprendra surement pas. Je n'ai rien à perdre. « Tu sais Mélodie, ce qu'il y a de bien avec les histoires du passé c'est qu'elles nous font oublier celles du présent. » dis-je, les yeux dans le vague. Je repense à tout ce temps que j'ai gaspillé à essayer d'être drôle, gentil, souriant, pour qu'on m'accepte, qu'on me voit enfin. Ça fait si longtemps que je suis là, si longtemps que personne ne veut de moi. À quoi bon continuer d'essayer de plaire si ce n'est que pour une durée limitée ? Si ce n'est pour qu'on m'abandonne une fois de plus à la première occasion ? Non mais sérieusement, à quoi bon tenter l'impossible quand on a ni le courage nécessaire, ni l'envie de s'en sortir ?

Un silence s'installe tandis que mon regard se perd à nouveau sur les lignes de mon histoire Napoléonienne. Une histoire qui, elle, au moins, a un sens. La fillette a sans doute filée retrouver ses copines. Et c'est mieux comme ça. Elle ne doit pas rester avec quelqu'un comme moi. « C'est pas bien Melchior. Faut pas oublier le présent, parce que c'est maintenant que tu dois choisir d'être heureux ... » Elle ne se rend pas compte la gamine, non, elle ne se rend vraiment pas compte à quel point ses arguments ont du sens. À quel point elle pourrait avoir raison dans le fond. Seulement, ce n'est pas si simple, le choix est donné à tout le monde, mais tout le monde ne sait pas en faire bon usage. Je ne sais pas en faire bon usage.


« Franchement, si vous voulez mon avis... » Je n'ai pas la chance de pouvoir mener mon point de vue à bout, pourtant existentiel, qu'une femme aux traits tirés tant elle stresse (quelle idée) vient m'imposer le sien, qui n'est, je dois dire, vraiment pas terrible. « Je ne veux pas paraitre malpolie monsieur, mais je pense que personne ici ne souhaite l'avoir...» Ah, vraiment ? Ce que je m’apprêtais à dénoncer était pourtant important... Enfin, j'imagine bien ! Tout ce que je dis a de l'importance d'une certaine façon, nan ? Peut être. En tout cas, ça n'en a clairement pas à ses yeux, et au vu des regards agacés que je reçois de part et d'autre de la pièce, je ne doute pas que les autres en pensent tout autant. D'un autre côté, ça doit bien faire un quart d'heure non-stop maintenant que je tente de les rallier à ma cause... En vain. Enfin, ça aurait certainement pu fonctionner si l'homme-ours m'avait laissé continuer sur ma lancée lorsque je mettais les phoques en cause de... Quoique non, le sujet des phoques est venu bien plus tard, c'est d'ailleurs bien dommage parce que c'était franchement plus intéressant, et puis, en plus, ... Mmh ? On s'en fiche ? Ah, euh, oui, surement, enfin bref. Au moins, une chose est sûre, j'ai sauvé tout ce petit monde des morsures mortelles du monstre sauvage aussi connu sous le nom de ; silence. Personne ne l'aime celui là, alors au lieu de se plaindre ils feraient mieux de tous me remercier en fait. Je suis un sauveur, ni plus, ni moins. Mon regard accusateur les détailles un à un avec insistance, mais, étrangement, ça ne semble pas leur faire plus d'effet que ça... Nan mais vous vous rendez compte ? Pas une lueur de culpabilité, pas une ! Je laisse échapper un très long soupir exaspéré -et exaspérant- quand la porte au bout du couloir s'ouvre, dévoilant un jeune homme blond en costume, une liste à la main. « Professeur Dreamer ? C'est à vous. » D'un bon, je quitte la chaise sur laquelle j'étais affalé depuis une vingtaine de minutes et me mets à gambader devant mes nouveaux collègues, l'esquisse d'un sourire malin flottant au bord de mes lèvres. Je ne mets pas bien longtemps à sortir de la salle et rejoindre le bureau de la proviseure, puis je toque sans retenue contre la porte jusqu’à-ce qu'une voix féminine me parvienne de l'autre côté du mur. « Entrez. » Je m’exécute, tout excité. Je découvre un petit bureau presque étouffant. Les murs sont blancs et décorés de tableaux représentants des natures mortes. Face à moi se trouve une très jolie femme aux traits dur et au regard déstabilisant. L’atmosphère pesante qui règne dans la pièce calme un peu mes ardeurs joueuses, je dois l'admettre, mais mon éternel sourire espiègle, lui, résiste à toutes épreuves. « Bonjour ?! » je m'exclame en repoussant la mèche rebelle qui vient de recouvrir une partie de mon visage d'un mouvement de tête. « Bonjour professeur Dreamer. Mettez vous à l'aise je vous en prie. » Je m’exécute, toujours le sourire aux lèvres.« Vous vouliez me voir ? » lui demandais-je, une lueur malicieuse brillant dans mes yeux verts. Mais elle arque un sourcil et ne prend pas la peine de me répondre. « Je ne passerai pas par quatre chemins. J'ai eu connaissance de votre passé et je connais également vos compétences.» Je ne vois pas bien où elle veut en venir, ni même si elle cherche à me faire comprendre quoi que ce soit d'ailleurs. Les sourcils exagérément froncés, je prends la parole sans forcément réfléchir à ce que je vais lui dire. « Mon passé ? Je ne pense pas avoir grand chose à me reprocher, sauf peut être cette fois où... » Pendant que je tente de me souvenir, la proviseure me dévisage, les bras maintenant fermement croisés contre sa poitrine. « Cette fois où ? » répète la jeune femme d'une voix un peu plus... Menaçante ? Mmh, pourtant je n'ai rien dit de mal à ce que je sache, si ? Bah, de toute façon je ne m'en souviens pas ! Je relève les yeux pour rencontrer les siens, mais je n'y lit rien d'inquiétant, non, elle semble complétement perdue. Où ? Je ne saurais vous dire, je le suis moi même depuis bien trop longtemps. Oh ! Ça me revient ! Sans plus attendre, je lève un doigt en l'air comme l'aurait très bien fait un élève face à son professeur. « Je sais ! » je m'exclame, les yeux brillants de ma petite joie passagère. « Mais... Ça comptait pas, et puis, ce n'était pas vraiment de ma faute... Quoique ? Mais bon, il n'avait pas de preuve, et comme on dit souvent, pas de preuve pas de... Ah non, personne ne dit ça en fait. C'est dommage, les gens devraient c'est plutôt jo...! » La proviseure laisse échapper un soupir alors que je déballe de plus en plus de choses qu'elle doit juger incompréhensibles. La pauvre. Je la comprends, j'ai également un peu de mal à me suivre par moment. Le visage toujours aussi imperturbable, elle semble pourtant bel et bien commencer à perdre patience. Je l'observe prendre un dossier en mains, le feuilleter puis reporter son regard dur sur le moulin à paroles que je suis. « Donc, je disais que j'ai eu connaissance de votre passé, un passé ponctué de nombreuses 'péripéties', je dois dire... » commente la proviseure en ignorant royalement mes commentaires précédents. Je la considère quelques instants, songeur, puis n'ayant pas assimilé mes précédentes erreurs, je me remets à parler, ou plutôt, à m'emporter. « De bonnes ou mauvaises ? J'imagine les deux. Si ça peut vous rassurer, tout s'est toujours très bien terminé... Je crois ? » Une fois de plus, elle ne relève rien, se contentant de m'observer de son regard indéchiffrable. « Vos compétences en tant que professeur d'Histoire sont tout à fait satisfaisantes. Je me tiendrai donc à cette conclusion. » Au regard lourd de sens que me lance la jeune femme, j'en conclu qu'elle essaye PEUT ÊTRE de me faire passer un message, peut être. « Euhhh... D'accord ? » je demande en penchant légèrement ma tête sur le côté, un brin hésitant. Que suis-je censé comprendre au juste ? « D'accord ? » répète la proviseure, déconcertée, qui, je me dis, doit adorer les perroquets. D'un geste rapide et élégant elle repose finalement mon dossier sur son bureau et joint ses mains sur la table. « Bien, cet entretient est terminé, je vous remercie professeur Dreamer. » Sa phrase se ponctue d'un long soupir las qui en dit long sur... Euh ? Bah elle doit surement pas dormir beaucoup, c'est tout. Quelques secondes s'écoulent sans qu'aucune voix ni aucun pas ne résonnent dans la pièce.

...

« Vous êtes encore là. » Naaaan ? Sans déconner Sherlock ?! Bien sûr que je suis là ! Qu'est-ce qu'elle racon... Ah. Oui, nan, mais ! Oui. « Haha, oui, bien sûr, j'y vais ! » Je quitte ma chaise avec entrain, un immense sourire gêné plaqué sur les lèvres. Je me dirige ensuite vers la porte en marche arrière, observant toujours ma supérieure avec ce même sourire. « Je m'en vais là, je suis parti, vous m'voyez plus ! »

Ce n'est seulement qu'après avoir quitté le bureau que je me souviens de quelque chose. J'oublie toujours quelque chose ! J'ouvre à nouveau la porte et y passe ma tête dans l’entrebâillement. Je n'allais pas partir comme un voleur sans lui dire au revoir ! « Bonne journée ! »

Un énième soupir s’échappe des lèvres de la proviseure, mais j'y décèle cette fois-ci un petit sourire au coin. « À vous aussi, professeur, à vous aussi... »